Notre histoire avec le Gouron peut se résumer à : « tout ça pour ça.. ! » Nous avons déployé tant d’efforts pour finalement rien de tangible. D’un autre côté, nos plongées dans cette source auront été riches en plaisir, en expériences et en sensations. Après y avoir plongé en touriste à plusieurs reprises, l’envie d’aller voir au bout du fil et peut être un peu plus loin même m’est venue un jour. La visibilité y est rarement bonne mais lorsqu’elle l’est, la galerie est superbe, d’après les photos que j’ai vues, car je n’ai jamais eu la chance de la voir claire. Le parcours exondé qui conduit vers le fond, vers le deuxième siphon, puis le troisième est très agréable, un peu sportif mais sans grandes difficultés techniques. Donc, en prévision de ce projet, avec Hervé, nous avons remplacé la majeure partie des vieilles cordes, refait certains équipements, planté de nouveaux spits et de nouvelles plaquettes. La première tentative de plongée dans le troisième siphon s’est soldée par une noyade du recycleur, juste au départ, dans une « pelote » de fils accrochés aux quatre coins de la galerie. Une attache défectueuse de la boucle a laissé le tuyau annelé libre de son destin et il a choisi la liberté. Un autre jour j’ai réussi à perdre mon masque lors de la progression, ce qui m’a contraint de franchir le second siphon en aveugle, avec l’aide d’Hervé. Heureusement, le passage est court mais le moment désagréable. Enfin, j’ai failli y passer, pour de bon, lors d’une première tentative pour rejoindre le troisième siphon. Après une période de doute et de récupération, nous sommes revenus et nous avons continué à cultiver notre espoir de poursuivre l’exploration. À la suite de l’œdème, je ne plongeais plus qu’en combinaison étanche, mais progresser en spéléo sèche, en combinaison étanche est sans doute l’une des pires punitions qu’il soit possible de s’infliger et je l’ai fait sans hésiter. Mais la technique s’avère parfaite pour percer la toile de sa combinaison, au moins en quatre ou cinq points lors de cette petite promenade. Les mois s’écoulèrent inlassablement, l’envie restait toujours aussi vive, mais à la suite d’un emploi du temps moins favorable, à des soucis matériels, à quelques prémices de récidives d’œdème, j’ai décidé de lever le pieds et de me calmer sur certains projets. Je ne regrette rien même si bien évidemment j’aurais vraiment aimé pousser la balade jusqu’au bout. Mais lâcher prise est parfois la bonne solution pour espérer devenir un vieux plongeur spéléo.